[Journal de Bord] Namduk Lekshey

Compte-rendu du Siège de la Forteresse Antarctique des Dragons de Glace

Jour 1 :
A peine arrivés via la Ligne Ley, nous sommes accueillis par le chef de l’Ordre des Paladins des Glaces, ou du moins de ce qu’il reste de l’Ordre. Fort heureusement Corvus n’est pas venue les mains vides est les Paladins de la Rose Ardente nous accompagnent sur cette mission. Nous passons la journée à préparer le siège. Il fait un froid que nos doudounes et le blizzard constant ont du mal à rendre supportable, les dragons ont vraiment de drôles d’idées parfois.
Nous savons que des failles démoniaques vont déverser des légions de démons furieux, mais nous ne savons pas d’où. En revanche nous savons que ces légions appartiennent au Démon du Fer, donc les unités de siège à distance ne seront pas privilégiées a priori. Nous en profitons donc pour redisposer les trois balistes pour couvrir un maximum de terrain, même si l’efficacité d’une couverture de trois balistes pour environ 7 hectares de terrain fortifié reste à débattre…Nous plaçons l’infirmerie dans un bâtiment au Nord et le ravitaillement dans les baraquements au Sud.
La nuit tombe, nous avons placé nos hommes le long de la forteresse. L’énergie tellurique de ses murs de glace commence à diffuser une lumière d’un bleu froid. Nous attendons l’attaque. Je peux sentir d’ici le mélange d’excitation et de peur qui imprègne les murs de la forteresse. Même les Paladins de Glace, pourtant réputés inflexibles et ne montrant aucune émotion, bouillaient intérieurement comme les autres.
Ils sont là ! Je ressens une faille du côté Nord.
Les projecteurs éclairent une sorte de fumée qui s’étend petit à petit jusqu’à la forteresse. Elle semble s’écouler comme une rivière implacable. Elle touche maintenant les murs. Je lance une bourrasque d’air depuis le niveau des murailles, révélant une troupe de démons, surpris d’être à découvert. Aussitôt la baliste la plus proche fait feu dans le tas. Le pouvoir tellurique du carreau semble avoir fait de l’effet, à entendre les hurlements des démons. Nikolas identifie rapidement les points faibles de leur armure. Que le combat commence !

Jour 2 :
Ce n’était qu’une attaque de test et nous n’avons repoussé que des éclaireurs. Pourtant, nos pertes ont été lourdes. Pas tant de morts, mais beaucoup de paladins ne pourront pas participer à la prochaine vague de cette nuit. Une partie non négligeable de la muraille du premier niveau a été tapissé d’une sorte de toile d’araignée très résistante, par laquelle les troupes lourdes sont montées. Nous réorganisons ce qui nous reste de troupes pour nous préparer à l’assaut et dressons des barricades autour de la zone maintenant vulnérable.
La nuit tombe et cette fois ce sont deux failles qui surgissent : une au nord et une au Sud-Est. Une grade voix s’élève et résonne dans la nuit. Une voix de désespoir, chaque mot portant la mort jusque dans nos cœurs. Je suis tétanisé et les troupes autour de moi envisagent même de se rendre. Heureusement, Corvus intervient avec un discours salutaire. Nos cœurs et nos âmes sont prêts pour la bataille. Quatre coups de canon se font entendre, puis d’un seul coup, le chaos s’installe.

Jour 3 :
La nuit a été rude. Les hommes sont exténués : quarante-huit heures sans dormir laisse des traces. Regardons la vérité en face, nous avons tenu de peu. Nikolas a failli mourir cette nuit. Les boulets de canons contenaient des Juggernauts, des humains contractants du démon du Fer. Seize d’entre eux nous sont tombés dessus, désorganisant nos défenses. Avec leurs deux mètres cinquante, la tâche leur était plutôt facile. Un groupe de quatre était tombé proche de Nikolas. Un faux mouvement l’a empêché de prendre correctement la fuite, laissant le temps à un des Juggernauts près de lui de lui brûler légèrement les jambes. Durant sa fuite, rendue plus difficile par ses brulures, il a utilisé une de ses flèches de métamorphose sur un Juggernaut qui se dirigeait vers l’infirmerie. Pas de chance, le Juggernaut s’était transformé en baleine de vingt tonnes, s’écrasant sur l’infirmerie. Heureusement, seulement le matériel a été touché. Pendant ce temps, Corvus et moi essayions tant bien que mal de temporiser l’assaut des Juggernauts sur les murailles.
Une deuxième salve de canons avait retenti et avait ouvert deux brèches dans la muraille en plus de décapiter le donjon où était gardé l’œuf. Heureusement qu’il était au sous-sol…
L’attaque de cette nuit sera la dernière et donc la plus féroce. Je me dirige vers l’infirmerie pour aider les médecins à soigner les troupes blessées. La majorité d’entre eux seront aptes au combat à la fin de la journée. Pendant ce temps, le reste des défenses est réorganisé : nous plaçons les trois balistes proches du donjon. Deux têtes bêches au sommet du donjon décapité et une dernière au sol, prête à accueillir les ennemis. Nous disposons les barricades restantes tout autour du donjon. Notre dernier point de défense est prêt et les couloirs d’ennemis calculés.
La chouette de Nikolas a parlé : « La main de glace des cieux saisira le but lorsque la main rose des cieux fera son apparition ». Nos soupçons se posent sur les Paladins des Glaces, sur qui un risque de possession est omniprésent. Leur capitaine a positionné ses troupes d’élite avec lui dans la salle de l’œuf pour le protéger. Par mesure de sécurité, Corvus envoie ses propres troupes d’élite tenir compagnie aux Paladins des Glaces après les avoirs briefé brièvement.
L’assaut débute : une faille au Nord et une au Sud cette fois. Devant elles, le brouillard vu aux nuits précédentes ne s’étalait pas cette fois-ci, il formait un énorme monticule de fumée. Les canons de la nuit précédente retentissent à nouveau, des deux côtés cette fois. Le Démon s’adresse à nous, toujours avec sa voix terrifiante. Il nous incite à sortir, tout en nous pilonnant à coup de boulets explosifs. Nous avons évacué tout le monde au sous-sol, nous nous préparons à l’arrivée des troupes démoniaques. Mais rien. Les canons continuent de raser la forteresse petit à petit mais aucune infanterie n’a franchi les murailles. Le Démon a décidé de mener une guerre psychologique pour nous pousser à l’erreur. Nikolas et Corvus ne tiennent plus dans cette espace exigüe qu’est la Chambre de l’œuf et décident d’aller voir ce que sont ces nuages de fumées immobiles. Je décide de rester dans la Chambre, persuadé que sortir est la pire erreur que nous puissions faire. J’avais tort.
Nikolas avait envoyé une flèche de métamorphose au travers de la fumée et Corvus avait utilisé un de ses pouvoirs. Le Démon, qui est en fait contenu dans la fumée, lâche un « Merde ! Les anges sont déjà là ! » et décide de passer à l’attaque. Le nuage de fumée grossit et prend forme humanoïde puis commence à s’avancer vers la forteresse. Mes deux compères sont en danger et je cours le plus vite possible pour les aider. Arrivé au niveau du Démon, je fais diversion pour laisser à mes alliés le temps de trouver une solution. Elle se présente lorsque je pousse le démon à matérialiser sa tête : Corvus charge et lui passe au travers, la défonçant de part en part. Les troupes sur la muraille Sud nous avertissent qu’un deuxième géant de fumée a franchi la muraille. Lorsque nous arrivons, nous le trouver en train de fracasser le donjon et de créer des failles pour s’infiltrer vers la Chambre de l’œuf. Je crée une tornade pour le ralentir au maximum mais un phénomène étrange se produit : le démon s’évanouit dans les airs au bouts de quelques secondes. En arrivant dans la chambre nous comprenons pourquoi : tous les hommes postés en faction sont étalés au sol, morts. Sauf le Capitaine des Glaces, au main avec le Capitaine de l’unité d’élite de la Rose. Flottant à une dizaine de mètres au-dessus du sol, trois anges : deux anges avec une hallebarde et une croix peinte sur la tête encadrent le troisième, à quatre ailes celui-ci. Une croix blanche peinte sur le visage aussi. Ezéchiel !
J’essaie immédiatement d’attirer l’attention des deux anges gardiens : rien n’y fait. Leurs pouvoirs de divination sont trop puissants. Ils parent mes coups sans même daigner se retourner. Nikolas envoie ses chakrams pour entailler les hallebardes des gardiens puis une flèche de métamorphose pour transformer leurs armes en brindilles. J’arrive à bloquer l’énergie d’un gardien, le faisant revenir dans son plan d’existence sur le champ mais tombe d’épuisement au moment d’attaquer le deuxième. En tombant au sol, j’ai le temps d’apercevoir Corvus charger un ange assez violemment pour le neutraliser. Au sol, le Capitaine d’Elite de la Rose est venu à bout de son ennemi possédé. Ezéchiel s’étant retrouvé seul contre quatre décida d’abandonner sa tentative de corruption de l’œuf et de battre en retraite.
L’œuf se met alors à battre et la forteresse tombe en flocons avant de se métamorphoser en un corps géant. Un corps de dragon, dont l’œuf était en fait le cœur.
Le dragon de Glace s’envole alors vers l’Atlantide, sa véritable demeure. Le blizzard s’est arrêté. Le siège est terminé. Nous avons réussi.
Malheureusement, nos compères du Nord ont eu moins de chance et ont été contraints de détruire l’œuf avant que les anges ne s’en emparent.
Ce n’est donc qu’une demie victoire.